Bonjour,
En effet, les antidépresseurs de type ISRS sont fréquemment associés à des effets indésirables sexuels tels qu'une diminution de la libido, une difficulté à atteindre l'orgasme, une diminution de la lubrification chez les femmes et de la dysfonction érectile chez les hommes. Ces effets sont rapportés dans environ 15 à 80% des cas dépendamment des études et du médicament étudié. Ils seraient aussi dose-dépendants, c'est-à-dire que plus la dose serait élevée, plus il y aurait de risque de subir ces effets.
Cependant, ces effets sont toutefois réversibles à l'arrêt du médicament chez la grande majorité des patients. La prévalence des effets indésirables sexuels persistants après l'arrêt est inconnu et la plupart des données disponibles proviennent de rapports de cas, de découvertes fortuites et d'anecdote sur internet. Il n'y a eu aucun essai randomisé contrôlé à double insu étudiant le phénomène chez l'humain jusqu'à maintenant. Les données chez l'animal suggèrent que les ISRS pourraient causer des dysfonctions sexuelles permanentes lorsque les rats étaient exposés aux médicaments à un jeune âge, mais pas lorsqu'ils étaient exposés à l'âge adulte. De plus, une diminution de la libido et du désir sexuel sont des symptômes bien connus de la dépression. Il est alors difficile de distinguer dans les études si ces effets sont réellement dûs aux médicaments ou plutôt à la maladie. Des études supplémentaires sont donc nécessaires avant de conclure qu'il y a véritablement une relation de cause à effet entre les ISRS et ces dysfonctions sexuelles persistantes après l'arrêt chez l'humain.
Je peux comprendre votre inquiétude. Pour prendre une décision, il importe d'évaluer les risques et les bénéfices du traitement, car comme avec tous médicaments, il y a un risque d'effet indésirable. Est-ce que les bénéfices du médicament l'emportent sur les risques ? Est-ce qu'il y a plus de risque de ne pas traiter la dépression/anxiété ou de prendre le médicament ? Ce sont toutes des questions qui doivent être abordées avec votre médecin et votre pharmacien.
Pour répondre à votre question, dans ma pratique, il m'arrive souvent de rencontrer des patients ayant des effets indésirables sexuels, mais c'est loin d'être la majorité. Je n'ai par contre jamais été confronté à des patients ayant des effets persistants après le traitement. Bien que des effets indésirables sexuels sont possibles avec l'escitalopram (Cipralex), ils sont majoritairement tolérables et rarement sévères et ils sont bien contrôlés soit en diminuant la dose, soit en le substituant pour un antidépresseur d'une autre classe mieux toléré sur le plan sexuel, comme le bupropion (Wellbutrin), la mirtazapine (Remeron) ou la vortioxétine (Trintellix), ou soit en le combinant avec l'une de ces alternatives.
En espérant que ma réponse vous éclaire un peu,
Raphaël Parent, Pharmacien