Combien ça prend de temps à la cortisone en infiltration pour être à sa force maximale? Aussi est-ce déconseillé en insuffisance rénale et fait-elle monter la tension artérielle et la glycémie différement des pilules de prednisone? Un gros merci !

Bonjour Mme,Deux corticostéroïdes en infiltration sont princpalement vus en raison de leur coût accessible : le Kenalog (acétonide de triamcinolone) et le Depo-Medrol (acétate de méthylprednisolone). L'Aristospan (hexacétonide de tramcinolone) est également commercialisé au Canada, mais son coût en limite l'utilisation.Peu d'études existent concernant l'évolution du médicament dans le sang de ces médicaments. On sait que les agents dont la durée d'action est la plus courte atteignent un pic de concentration après aussi peu que 30 minutes et peuvent être complètement éliminés de la circulation sanguine en une journée à peine. Ces caractéristiques varient toutefois beaucoup d'un produit à l'autre.Les renseignements concernant la durée d'action de ces agents sont beaucoup plus clairs : le Depo-Medrol agit en moyenne pendant 8 jours dans l'articulation; le Kenalog, 14 jours; alors que l'Aristospan, lui, dure 21 jours. Le soulagement offert par les infiltrations dure souvent plus longtemps que la durée d'action. En effet, l'effet anti-inflammatoire du médicament permet de diminuer la réponse inflammatoire et d'augmenter l'amplitude de mouvements, pavant ainsi la voie à d'autres thérapies, comme la physiothérapie, qui peuvent augmenter les chances de guérison à long terme.Concernant l'insuffisance rénale, ces médicaments présentent l'avantage de pouvoir être utilisés sans ajustement de dose particulier. Votre médecin préférera les infiltrations aux anti-inflammatoires par la bouche (prednisone, ibuprofène, naproxène ,etc.) qui eux, sont influencés par l'insuffisance rénale et qui ont souvent davantage d'effets indésirables. Les agents utilisés en infiltration d'ailleurs plus sécuritaire au niveau de la hausse de la tension artérielle et de la glycémie que la cortisone prise en comprimés. Si vous n'avez pas d'allergie à l'acétaminophène et que vous ne prenez pas d'autres médicaments, la prise du Tylenol s'avérera une option sécuritaire. Je vous invite à en parler à votre pharmacien de famille pour qu'il puisse déterminer la meilleure option de traitement en fonction de votre profil pharmacologique.J'espère avoir bien répondu à vos questions!Stéphane Villeneuve, pharmacien

La prise de Tylenol, à raison d'un maximum de 8 comprimés de 500mg par 24 heures, est effectivement sécuritaire lorsqu'un traitement de prednisone 60mg par la bouche est suivi. D'autres éléments peuvent entrer en ligne de compte dans l'analyse de votre profil pharmacologique, mais avec les renseignements que je possède, il est possible d'affirmer qu'une telle prise, pour quelques jours, est sécuritaire.

Tout le plaisir est pour moi!

Plusieurs question en une, je tenterai de résumer aussi simplement que possible! On cherche à faire une utilisation prudente des anti-inflammatoires pour deux raisons principales. D'une part, les anti-inflammatoires font augmenter la pression directement (par leur action nuisible sur les mécanismes corporels de dilatation des artères, les tuyaux qui servent à acheminer le sang aux organes vitaux) et indirectement (en diminuant l'efficacité de certains médicaments anti-hypertenseurs). D'autre part, les anti-inflammatoires viennent retirer au rein un mécanisme de protection lié à la déshydratation. En effet, quand le corps est déshydraté (on dit alors que le volume circulant est diminué ou qu'il y a grossièrement "moins de sang qui circule"), le rein s'assure de maintenir une pression suffisante pour alimenter les organes vitaux (coeur, cerveau, foie, etc.). En présence d'anti-inflammatoires, un des trois mécanismes principaux de compensation est hypothéqué, et le rein ne sera pas en mesure d'effectuer son travail correctement. Il risque même de s'endommager lui-même.Il est toujours important de considérer la dose des anti-inflammatoires, la durée de traitement et les autres médicaments au profil afin de déterminer le niveau de risque. Souvent, celui-ci est minime, et le traitement sera sécuritaire. Votre pharmacien de famille est le mieux placé pour déterminer le niveau de risque et les mesures à prendre afin de minimiser les risques associés à la prise d'un anti-inflammatoire.

Le diabète en soi est un facteur de risque de diminution de la fonction rénale. Chez ces patients, le personnel soignant tentera d'utiliser la dose minimale efficace d'anti-inflammatoires pour protéger les reins. La cortisone est elle-même un anti-inflammatoire, mais elle est à surveiller davantage chez les patients diabétiques puisqu'elle a en plus la fâcheuse tendance de dérégler les glycémies. Une surveillance accrue du taux de sucre dans le sang est donc requise pendant les jours de traitement.

J'espère avoir pu répondre clairement à vos questions!Au plaisir,Stéphane Villeneuve, pharmacien